Diagnostic chimique holistique

Les changements globaux et parmi eux, le changement climatique, la hausse démographique, le développement des mégapoles et l’accélération industrielle entraîne une dynamique mondiale des polluants (in)organiques environnementaux qu’il est indispensable de mieux caractériser. Cet axe de recherche regroupe ainsi une double approche intégrant l’analyse de pollutions organiques et inorganiques dans différentes matrices environnementales et le développement d’outils méthodologiques et analytiques adaptés.

Analyse de pollutions (in)organiques dans les compartiments environnementaux

Les travaux de recherche de l’équipe TRAME s’insèrent au sein d’observatoires et de zones ateliers (Camargue, Observatoire marin du golfe de Fos, Territoire métropolitain de Marseille initié par la MITI). A ces zones d’étude locale, d’autres zones à l’échelle internationale (le fleuve rouge au Vietnam ou dans le golfe de Tadjourah à Djibouti) sont également investiguées en partenariat avec les acteurs académiques locaux pour étudier les niveaux de contaminations chimiques des milieux. Ces travaux impliquent l’analyse de matrices variées (eau de surface -douces et marines-, eaux souterraines, sols, biote) afin de pouvoir étudier l’éco-dynamique de ces polluants et d’estimer leur impact potentiel sur les écosystèmes (habitat côtier, écosystème benthique, ressources en eau et halieutique) ou les activités anthropiques (la pêche).

Par ailleurs, dans ces environnements, plusieurs contaminants chimiques Ă©mergents vont ĂŞtre recherchĂ©s du fait de leur dangerositĂ© avĂ©rĂ©e, de leur persistance ou du faible Ă©tat des connaissances actuelles sur ces pollutions. 

Parmi ces composĂ©s, on peut citer les hyper-hydrophobes tels que les paraffines chlorĂ©es Ă  chaines courtes ou encore les composĂ©s Ă  effet retardateur de flamme qui regroupent plusieurs familles molĂ©culaires diffĂ©rentes, notamment organo-bromĂ©s, -chlorĂ©s et -phosphorĂ©s dont certains sont maintenant interdits et classĂ©s parmi les listes de vigilance pour les masses d’eau en Europe, mais restent produites en Asie. D’autres molĂ©cules, de plus en plus nombreuses et diverses, ayant des propriĂ©tĂ©s physico-chimiques variĂ©es, Ă©mergent sur le marchĂ© en remplacement des retardateurs de flamme, mais elles ne sont pas surveillĂ©es dans l’environnement. 

De plus, d’autres composĂ©s utilisĂ©s dans de nombreuses industries (automobile, alimentaire, textile…) tels que les substances perfluoroalkylĂ©es (PFAS) seront Ă©tudiĂ©s du fait de la prĂ©sence de certains d’entre eux dans la « dirty dozen Â» de la convention de Stockholm et d’une surveillance actuelle restreinte aux eaux de surface. Ils seront recherchĂ©s dans l’eau, le biote et les sols et sĂ©diments.

L’équipe TRAME s’intéresse également aux micro- et nano-plastiques (MP et NP) et à leur contenu chimique (polluants organiques et métalliques) dont l’ubiquité a été démontré dans de nombreux compartiments environnementaux. Cependant, des données limitées existent sur les MP et NP atmosphériques (déposition humide et sèche) et leur présence dans les eaux souterraines a été peu explorée alors que ces eaux constituent 80% des ressources en eau potable.

L’équipe TRAME dĂ©veloppe Ă©galement une thĂ©matique « sous-produits de chloration Â», notamment Ă  travers l’étude des rejets chlorĂ©s des usines installĂ©es sur le littoral marin, ou bien l’étude des rejets induits par l’utilisation de courants imposĂ©s sur les Ă©oliennes flottantes en mer. Ces travaux associent mesure sur site et simulation en laboratoire pour modĂ©liser les cinĂ©tiques de formation et de transformation des composĂ©s. Ces sous-produits chlorĂ©s sont recherchĂ©s dans les diffĂ©rents compartiments de l’environnement (eau douce ou salĂ©e, les sĂ©diments, le biote, et air).

D’autres travaux de l’équipe TRAME visent à améliorer les approches moléculaires (rapports d’abondance, rapports isomériques, …) et à développer/privilégier les approches isotopiques (GC-C-IRMS) notamment sur la problématique de l’analyse de source de pollution par les hydrocarbures, pesticides et les solvants chlorés, pour identifier les origines de ce type de contaminants.

Les transferts rĂ©actifs des Ă©lĂ©ments traces mĂ©talliques, des micropolluants organiques et de la matière organique dans les eaux et les sols sont fortement liĂ©s de sorte que l'Ă©tude de l'une des composantes ne peut ĂŞtre distinguĂ©e de l'autre. La rĂ©alitĂ© environnementale oblige donc Ă  considĂ©rer un système multiphasique (eau et sol ou eau et sĂ©diment) mais aussi un système dans lequel interagissent matrices organiques et minĂ©rales. Dans ce contexte, des travaux conduits par l’équipe TRAME sur l’attĂ©nuation naturelle et sur les transferts sols-plantes, sols-eaux et sĂ©diment-eau, ont pour objectifs d'Ă©tudier les transferts rĂ©actifs de la matière organique, des micropolluants organiques et des mĂ©taux et de dĂ©velopper les outils nĂ©cessaires Ă  leur quantification et Ă  leur suivi dans les milieux naturels et anthropisĂ©s. Ces travaux visent Ă  apporter une contribution Ă  la prise en compte des multi pollutions et des effets de synergie dans l’évaluation des risques.

Développements d’outils méthodologiques et analytiques

Du fait de la transformation rapide de certains polluants dans les eaux et de niveaux de concentrations particulièrement faibles, les travaux de l’équipe TRAME concernent le développement de nouveaux designs d’échantillonneurs passifs comme sondes d’ambiance chimique du milieu. L’application de certains de ces outils (silicone, LDPE, POCIS) est maintenant plus largement accepté dans la communauté scientifique et est bien décrite pour certaines familles de polluants historiques (PCB, OCP, PAH), mais il reste à déterminer les paramètres clés d’échantillonnage pour de nombreux contaminants nouvellement réglementés ou émergents, afin d’élargir les domaines d’applications et de tenter d’affiner les modèles. Les échantillonneurs passifs peuvent constituer des outils de choix pour étudier la distribution potentiellement variable des polluants organiques hydrophobes entre la microcouche de surface marine (1000 µm), l’eau sous-jacente (-0.4, -1, -3 m), et les niveaux intermédiaires et benthiques.

L’autre volet de cet axe concerne le dĂ©veloppement de mĂ©thodes d’analyse alternatives. Cette thĂ©matique vise Ă  dĂ©velopper de nouveaux systèmes d’analyse automatisĂ©s (analyse en ligne) ou de terrain (field testing kit).

L’équipe TRAME développe notamment des analyseurs en ligne utilisant les techniques d’analyse en flux telles que la FIA (Flow Injection Analysis), la SIA (Sequential Injection Analysis), la MSFIA (MultiSyringe Flow Injection Analysis) ou la MPFS (Multi Pumping Flow Systems), ou bien encore la MSC (Multi-Syringe Chromatography).

L’équipe TRAME développe également des kits d’analyse sous format microplaque permettant d’évaluer la réactivité biogéochimique d’échantillons ou de quantifier la teneur en groupements fonctionnels d’intérêt environnemental. Dans ce cadre, elle met au point des réactions de dérivation à l’aide de sondes chimiques fluorescentes qui permettent de révéler et de quantifier ces groupements fonctionnels.